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ARCHITECTURE DE LA PSYCHÉ, L’INNERSPACE

Laura Mannelli

Category

Interior design

Placement

Participant

LAA Edition

2019

Author(s)

Laura Mannelli

WITH

Frederick Thompson
Jamil Mehdaoui

owner

Laura Mannelli

Year of completion

2019

Location (city)

Hagen

Description

Longtemps passionnée par tous les concepts qu'endosse la notion d'espace, et convaincue que les préoccupations de l'architecture et de l'architecte ne doivent pas limiter son action à la simple compréhension et édification d'un espace construit, j’ai très vite développé un intérêt pour les technologies de l'information et de la communication et plus particulièrement l’espace des réalités virtuelles et leur impact sur nos modes de vie et par conséquent le champ de la discipline architecturale. Comme nous l'explique Claude Baltz, philosophe et professeur en sciences de l'information et de la communication à l'université de Paris 8, la structure de l'espace est le premier médium d'information. Elle est la première technologie d'information à laquelle tout le reste se connecte. La première technologie, c'est la structure de l'espace. Paradoxalement, aux yeux de la profession, la généralisation de l’usage des technologies de l’information et de la communication et leurs effets induits sur les modes de vie ne sont généralement pas considérés comme des facteurs clés aptes à générer de nouveaux « paradigmes » en matière de conception urbaine et architecturale.

Il est paradoxal de constater que dans ce contexte la question des usages, des besoins, et aspirations restent encore peu pensés. N’y a-t-il pas une dimension ‘physique’ et une dimension ‘virtuelle’, de l’architecture ? Cette dimension de l'architecture n'a pas attendue les technologies de l'information et de la communication pour exister. Un bâtiment avant d'être construit a d’abord été pensé dans l’espace virtuel. En revanche ce qui aujourd'hui est inédit c'est que tout un chacun doit désormais composer avec cette double condition. Comme une seule et même pièce qui a pourtant deux faces bien distinctes. Deux mondes, physique et immatériel, se compose et s’augmente l’un l’autre et ne sont pas des simples opposés binaires. A l’infrastructure physique se superpose l’infrastructure informationnelle. Cette mise en lien est à penser et à construire. Qui mieux que l'architecte pour investir ces territoires ? L’architecte ne doit-il pas être responsable pour les deux ? Ne doit-il pas être garant d’une imbrication bien pensée de ces deux structures d’espace ?
Au-delà du réalisme et du pragmatisme que le projet doit refléter, l'architecture a le devoir de stimuler un débat sur ses enjeux. Les corps de métiers doivent croiser leurs expertises. Même s’ils s’éloignent d’une pratique classique, la participation active des architectes dans ce processus est fondamentale.

C’est dans ce contexte que je présente au jury le projet de Réalité Virtuelle à expérimenter avec un casque de réalité virtuelle, « Near Dante Experience », dont le contexte poétique est la Divine Comédie. Un monde virtuel qui a été pensé comme une réflexion sur l’architecture à l’ère des réalités virtuelles . Un hommage à Frédérick Kiesler, artiste, architecte, théoricien de l’architecture austro-américain (1890-1965) et les corrélations très fortes entre son travail, les réalités virtuelles et l’architecture de la Divine Comédie. L’architecture du monde virtuel à donner lieu à une maquette virtuelle réaliser en temps réel dans un monde virtuel grâce à Quill. Sur base de plans et d’esquisses. La Divine Comédie est ici comprise comme une œuvre d’anticipation des réalités virtuelles. Et d'une architecture qui n'a pas de matérialité.

L’espace d’architecture proposé est une architecture de la psyché. Un lieu qui n’a pas de physicalité. C’est un lieu dit « Atopique », une architecture atopique qui n’a pas de lieu physique si ce n’est l’interface qui permet de s’y connecter, un ordinateur et un casque de réalité virtuelle, ses capteurs et une connexion internet. Je l’ai nommé "Otherworldly" en hommage à Donna Haraway, philosophe et primatologue américaine dont les écrits et les réflexions bouleversent notre manière d'appréhender le monde à l'ère des technologies. C'est un monde qui existe sur les réseaux et s’actualise partout où l’on pose un ordinateur et qu’on connecte un casque de réalité virtuelle. Un monde qui défie notre environnement physique . C'est un espace d'architecture.

Il a été présenté pour la première fois à Luxembourg aux Rotondes à l'occasion de la Triennale jeune création de juin à Aout 2017. Le projet a donné lieu à « The Promises Of Monsters », projet lauréat de la bourse Indépendance dédiée à la promotion des arts digitaux. A cette occasion une exposition personnelle à la Galerie Indépendance de la BIL a permis de montrer au public un ensemble de réflexions sur ces questions à travers des dispositifs "physiques" qui ont permis au public d'accéder à l'espace virtuel (septembre à décembre 2018). Le projet a aussi été présenté au Casino Forum d’Art contemporain lors de l’exposition «Suspended Time, Extended Space» qui a eu lieu de mai à septembre 2018 ainsi qu’en France au Centre des Arts d’Enghien les bains, au Laval Virtual 2018 ou l’œuvre a remporté une mention spéciale pour meilleur contenu VR et elle est actuellement présenté au Matadero en Espagne.

Video

https://vimeo.com/366810437