SHARED SPACE & PLACE AM DUERF
STEINMETZDEMEYER architectes urbanistes
Catégorie
Architecture de paysage & espaces extérieurs / publics
Classement
Participant
Edition du LAA
2019
AUTEUR(S)
STEINMETZDEMEYER architectes urbanistesAVEC
Schroeder & associés
Goblet Lavandier & associés, Ingénieurs conseils SA
Maître d'ouvrage
Administration communale de Dudelange
Année de fin
2017
Localisation (ville)
Dudelange
Description
Les projets urbains de la place „Am Duerf“’ et de la zone partagée de la « Niddeschgaass » se situent dans l’hyper centre de la ville de Dudelange, entre la Gare Centrale et la Mairie.
Il s’agit d’une densification au cœur de Dudelange accompagnée d’un réaménagement des espaces publics pour faire face à la dégradation de l'attractivité commerciale et à la disparition continue des commerces. Il ressortait d'une étude de faisabilité de 2006, que Dudelange comptait une population résidente suffisante et disposait surtout d'un bon potentiel de développement démographique futur pour voir son centre se développer et regagner en attractivité par rapport aux centres commerciaux implantés en périphérie des agglomérations.
Il était de ce fait question de développer ici des surfaces commerciales en rez-de-chaussée d'une taille plus importante, faisant défaut dans le tissu urbain des maisons et petits immeubles mitoyens du centre-ville. Les nouvelles surfaces sont donc destinées à accueillir des boutiques, commerces, Horeca, etc., qui doivent devenir des pôles d'attraction vers le centre et de ce fait participer à la valorisation commerciale des rues adjacentes.
Dans l’espace disponible au centre d’un grand îlot existant une nouvelle place publique, a ainsi été créée en lieu et place d’un parking public. Cette place est cernée suivant un tracé quelque peu organique par des bâtiments comportant lesdits commerces au rez-de-chaussée et des logements collectifs ou professions libérales aux étages. Ces nouvelles constructions génèrent des resserrements et des ouvertures pour bien définir les transitions spatiales et cadrent la vue sur le clocher de l’ancienne église du village.
Le nouvel espace public ainsi dessiné est renforcé dans son caractère de « salon public » au cœur de la ville par son tracé au sol qui prolongent les alignements des façades et par ses mobiliers urbains et plantations à même la place. Deux rangées d’arbres portent ainsi ombre sur celle-ci et régulent la température et l'hygrométrie de l'air extérieur à travers les saisons ainsi que les résonances sonores. Des bancs publics sont disposés au pied des arbres protecteurs, de manière à créer un lieu accueillant ou l’on s’arrête volontiers, un salon urbain pour les habitants et les visiteurs sur leurs parcours à travers la ville.
Les façades des immeubles renforcent par leur continuité le caractère fermé de cette pièce urbaine, à l’abri des vues sur les arrières privés des maisons existantes en périphérie d’îlot. Cette articulation minutieuse entre les espaces privés des habitants et les espaces publics de la ville est prolongée dans les façades des nouveaux immeubles, qui sont essentiellement minérales (pierres sur l’avenue ou enduits sur la place) et percées par des fenêtres ponctuelles ou des balcons essentiellement en retrait. Ces loggias sont pourvues des saillies très limitées sur le domaine public et leurs garde-corps métalliques de teinte dorée, dialoguent avec les teintes des encadrements minéraux des anciennes bâtisses de l’avenue. Ces tôles déployées sont orientées avec leurs ouvertures vers le ciel, laissant ainsi passer un maximum de lumière naturelle et de soleil sur le balcon, tout en évitant les vues directes entre la place publique en contre-bas et ces espaces privés extérieurs aux étages. Ces articulations entre les sphères privées et publiques s’avèrent essentielles au bien-être tant des habitants dans leurs logements que des flâneurs sur la place.
L’accès aux deux niveaux (public et privé) de parkings enterrés est limité à la sortie Nord-Ouest de la place, et aménagé en-dessous d’une pergola métallique richement plantée. Les éléments végétaux prennent ici le dessus sur les aspects techniques des barrières et des bordures. L’impact sur la place est positif et les visiteurs profitent d’un fond de perspective végétalisé.
Une galerie ouverte sur deux niveaux à travers les nouveaux bâtiments, connecte la nouvelle place et l’Avenue Grande-Duchesse Charlotte, afin de mettre en place un parcours en boucle pour les visiteurs entre ces deux espaces publics.
En parallèle avec ce développement immobilier et de la place Am Duerf, l’Avenue GD Charlotte, ancien axe commercial entre la Gare et la Mairie, devenue voie de transit pour les navetteurs quotidiens entre la France et le Luxembourg depuis les années ’90, est remise en valeur sous forme d’espace partagé pour tous, avec priorité aux piétons. Ce dispositif vise une très forte réduction du trafic automobile et de l’impact du trafic local restant, afin de donner priorité aux piétons et cyclistes, qui peuvent dorénavant flâner librement de vitrine en vitrine.
Les revêtements de sols clairs, les tracés au sol, les grilles d’arbres, les mobiliers urbains et éclairages publics sont similaires entre la place et l’avenue, pour créer un ensemble d’espaces urbains cohérents, mais sont déclinés de manière différenciée et avec de légères variations, pour mettre en évidence les géométries spatiales particulières et les flux caractéristiques de chaque lieu.
Les mobiliers, signalisations et équipements urbains ont été volontairement réduits au strict minimum et sont rassemblés en entités structurant les différents espaces publics et leurs usages. L’accent est mis sur le regroupement systématique des éléments nécessaires, par exemple l’arbre avec son banc, son mat d’éclairage, auquel sont fixés une poubelle et la sonorisation. Il en découle une réduction de la pollution visuelle, qui met mieux en évidence le caractère du bâti de la ville et de ses commerces.